«  Là, où il y a de la passion, il y a perte de la raison. L'homme désire surtout ce qui lui est inaccessible. Phèdre, de Marina Tsvetaeva une grande poétesse russe, est une vertigineuse interrogation de l'homme sur le désir. Reçue par ses contemporains comme une énorme prétention, cette "tragédie antique dans le décor du 20ème siècle" est en vérité une terrible projection de l'auteur dans le destin tragique de son personnage, Phèdre. Avec cette création, l'équipe emprunte les labyrinthes qui conduisent Phèdre/Tsvetaeva au dédoublement de sa personnalité, au déchirement intérieur, puis à la mort. Le conflit entre l'irrationnel et le rationnel, l'amour et la famille, la foi et le devoir, la chair et l'esprit, la raison et la folie… est comme une frontière entre l'ombre et la lumière qui jalonnent cette œuvre.  Phèdre de Marina Tsvetaeva est une écriture musicale, rythmée par les pulsions violentes et les respirations organiques de la langue russe. En étroite collaboration avec la dramaturge et metteur en scène russe, Aglaïa Romanovskaia, l'équipe a travaillé sur l'élaboration d'un nouveau langage scénique. En ayant l'exigence de dépasser la question de la narration littéraire (ou linéaire) notre principale préoccupation est de donner à ce texte sa corporalité. A partir de l’idée d'un texte, traité comme une véritable partition musicale, nous avons pour but d’aiguiser la danse et de faire naitre une écriture telle que la question de la compréhension ne va pas se poser. L’autre fil rouge de la création est la personne/l'artiste Tsvetaeva et son intégrité exemplaire en temps que créateur contemporain. Pour légitimer ce propos, mon choix pour le plateau, se focalise sur des porteurs de projet et non pas sur "des interprètes". Autrement dit, chaque personne sur le plateau est porte parole de Marina Tsvetaeva. Cela donne une force toute particulière au projet et nous appelle à une grande responsabilité. Non pas vis à vis de Tsvetaeva, cela n’est pas notre prétention, mais vis à vis de l’acte de créer. »

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Mitia Fedotenko